Julien Cohen, on l’aime ou on le déteste… Il passionne ou il agace. C’est un peu le lot des gagnants, voire des gagneurs. Mais après tout, selon la formule consacrée, son argent, il ne l’a pas volé. Il l’a peut-être joué, de temps en temps, puisque la vie est un jeu..
La vie est un jeu est justement le titre du livre de Julien Cohen qu’il est venu défendre, vendre, signer ce mardi, dans sa boutique bruxelloise.
14h15. Julien Cohen entre dans son magasin de la rue Blaes, thé à la menthe à la main et lance un mot d’excuses, pour son retard, à la cantonade. Dans la file d’attente, devant la table où s’empilent ses bouquins, une trentaine de personnes, surtout des dames quinquagénaires (ou plus), parfois suivies d’un mari qui souffle un peu. Deux, trois jeunes.
Julien s’esbaudit de l’accueil bruxellois, a hâte de connaître son pendant liégeois, souvent vanté. Il s’étonne qu’il y ait un métro bruxellois et que le départ du Tour de France se fasse cette année à Bruxelles. Il ironise : il est vrai qu’en matière de cyclisme, vous, les Belges, vous en connaissez un rayon… Vous avez un truc, le pot belge, c’est ça, non ? La blague fait un flop. On ne peut gagner à tous les coups.
L’aventure de l’écriture de La vie est un jeu, commencée il y a plus de deux ans, n’a pas été aisée, confesse Julien. L’orthographe n’est vraiment pas son fort. D’ailleurs, le correcteur d’une maison d’édition téléphone rarement à l’auteur qu’il révise. Celui de Robert Laffont n’a pas hésiter à appeler Julien pour lui dire qu’il était dans le top 5 des auteurs les plus laborieux.
Cette anecdote n’est pas innocente. Sous ses airs du plus beau coq de la basse-cour, l’acheteur populaire d’Affaire conclue peut aussi se mettre à nu, dévoiler des faiblesses, des talons d’Achille. C’est aussi ça, l’enjeu de son livre.
La Vie est un jeu commence et se termine par Affaire conclue, l’émission programmée sur France 2 et la RTBF, qui l’a popularisé. Entre les deux, on bascule par un immense flash-back en 1966, l’année de sa naissance. Le livre suivra dès lors la chronologie du parcours de l’auteur, s’arrêtera sur ce qui a compté pour lui, sur ce qui a déterminé l’homme qu’il est aujourd’hui.
Grande place aux femmes de sa vie : sa grand-mère, sa mère, Marie-Laure et Karine, première et seconde épouse (pas de bigamie, je vous rassure, il a divorcé de la première), ses filles… Julien exprime aussi sa fierté pour son père, ses fils (il inclut ceux du premier mariage de Karine), des collaborateurs de premier rang ( des beaux hommages à Jimmy et à Julien).
Le livre parle évidemment de la carrière professionnelle, des échecs comme des succès. Julien Cohen n’a pas peur de vanter les vertus de l’échec, comme dirait le philosophe Charles Pépin. Mentalité américaine.
Dans une vie, des claques peuvent modifier radicalement une vision des choses… Un road trip indien en fut une : culturelle et émotionnelle. Ce très beau chapitre permet de deviner ce qu’est aussi l’auteur : un personnage très curieux, et qui aime profondément les gens. On est loin de l’acheteur d’Affaire conclue, très magistral, qui renvoie, d’un ton autoritaire, le vendeur tout penaud à son emplacement pour être dans le bon champ caméra par un « Vous pouvez reprendre votre place, s’il vous plaît !! »
Et puis il y a le jeu. Le fil rouge du livre. Là, on retrouve bien le Julien que l’on connaît à la télé, prêt à conclure une vente sur un pile ou face ou un lancer de ballon. En lisant le livre, on comprend mieux d’où ça vient, un virus contracté très jeune. Cela va de la table de ping pong dans l’appartement de son enfance aux salles de jeu qu’il fréquentait pour gagner au backgammon son premier million ( de francs français). Il n’avait pas 20 ans.
Nul vainqueur ne croit au hasard. F. Nietzsche
Qui tout cela peut-il intéresser ? Les fous d’Affaire conclue, toutes ces dames qui raffolent de leur chouchou et veulent mieux le connaître.
Mais aussi les jeunes et moins jeunes qui veulent croire encore aux possibles. Aux possibles d’une idée, d’un projet, d’un rêve qui mènent au succès. Aux entrepreneurs néophytes qui penseront , en refermant le livre à ces deux mots : hashtag inspiration.
Julien COHEN
Robert Laffont
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